Nina Catach
Théorie du plurisystème
Nina Catach s’est basée sur une décomposition des mots en phonèmes, morphèmes et graphèmes : le verbe à l’infinitif POURCHASSER correspond à sept phonèmes et s’écrit avec onze lettres. Pourtant, si nous mettons en relation l’oral et l’écrit, ce découpage en lettres n’est pas pertinent : les paires de lettres ou, ch, ss correspondent chacune à un seul phonème et ne peuvent être scindées, tandis que r lui ne correspond à aucun phonème. Nina Catach propose donc de distinguer huit unités soit : P-OU-R-CH-A-SS-E-R pour lesquelles elle a proposé l’appellation de graphème.
Un graphème peut traduire du son et/ou du sens (dans le cas des morphogrammes, voir plus bas).
Elle a ensuite classé les règles d’orthographe selon les caractéristiques du ou des mots qui sont mis en jeu[pas clair].
Selon Nina Catach, l’orthographe (mot dont l’origine est liée à deux mots grecs, qui signifient respectivement écrire et correctement) française n’est ni systématique, ni arbitraire. Elle relève plus particulièrement d’un plurisystème dans lequel se dégagent :
- des fonctionnements majeurs comme celui qui assure la liaison grapho-phonétique,
- des fonctionnements seconds, comme celui qui permet les marques morphologiques,
- des fonctionnements hors-système : ceux qui expliquent dans un mot la présence de lettres étymologiques, voire historiques.
Selon elle, on peut classer les erreurs orthographiques selon six catégories :
Les erreurs à dominante phonétique
Celles-ci sont dues à une mauvaise production orale. C’est le cas de l’enfant qui écrit manmam, parce qu’il ne sait pas que l’on prononce /mamã/. Pour remédier à ce type d’erreur, il est nécessaire d’assurer l’oral, pour asseoir la connaissance précise des différents phonèmes.
Les erreurs à dominante phonogrammique
Ces erreurs font correspondre à un oral correct, un écrit erroné. Les phonogrammes sont les graphèmes qui sont chargés de transcrire les différents phonèmes. Par exemple, au phonème (ã), correspondent les phonogrammes (ou graphèmes) en, em, an, am. C’est le cas de l’enfant qui transpose l’oral en écrit par le biais d’archigraphèmes. O est l’archigraphème des graphèmes o, ô, au, eau. Cette situation constitue un état provisoire avant le passage à une orthographe correcte.
Les erreurs à dominante morphogrammique
Les morphogrammes (ou graphèmes non chargés de transcrire des phonèmes) sont des suppléments graphiques qui assurent diverses fonctions :
- marques finales de liaisons : par exemple, la finale muette d’un mot ;
- marques grammaticales, comme :
- les morphogrammes de genre : -e, -te, -sse
- les morphogrammes de nombre : -s, -x
- les morphogrammes verbaux : -e, -s, -ent, etc.
- marques finales de dérivation : grand – grandeur ;
- marques internes de dérivation : main – manuel.
Les erreurs à dominante morphogrammique sont donc tantôt lexicales, tantôt grammaticales (dans ce cas, elles portent sur les accords et ne relèvent pas d’une logique immuable).
Les erreurs concernant les homophones (ou encore logogrammes)
Ceux-ci peuvent être lexicaux (chant / champ) ou grammaticaux (c’est /s’est). Ils peuvent aussi relever du discours.
Les erreurs concernant les idéogrammes
Est considéré comme idéogramme, tout signe qui ne relève pas uniquement de l’alphabet. C’est le cas des majuscules, des signes de ponctuation.
Les erreurs concernant les lettres non justifiables d’un enseignement
On entre là dans les anomalies de la langue française : nid/nidifier, mais abri/abriter.
Beaucoup de ces anomalies ont été rectifiées lors de la réforme de l’orthographe française en 1990, à laquelle Nina Catach a largement contribué.